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De Lerné à Compostelle

J+6 : premières douleurs

12 Septembre 2013 , Rédigé par Sabine

Difficile de refaire en un post le récit de ces 6 premiers jours.

Pour résumé : 140 km, 3 ampoules, un début de tendinite au talon d'Achille qui va se régler avec un strapping et un meilleur choix de trajet pour éviter ce terrible bitume qui coupe les jambes, 5 biches croisées au petit matin, au moins 20 lapins sautillants, des milliers de papillons, 200 champs de maïs, des traversées déprimantes de ZI aux alentours de Châtellerault et de Poitiers, un peu de pluie, quelques camions, des tracteurs, des bonnes âmes qui repèrent la coquille de mon sac à 200m et offrent au choix eau/café/thé/biscuits/réconfort et ... 0 pèlerin !

La Via Turonensis est nettement moins empruntée que les autres et pour le moment ce n'est pas pour me déplaire, je peux râler toute seule et à voix haute sans subir les motivations faussement enjouées de ceux qui marcheraient/souffriraient à mes côtés et que finalement ils ne destineraient qu'à eux même.

Quelques perles glanées ici ou là en rencontrant les autochtones qui m'appellent tous "elle" :

Oui, "elle". Comme dans "Elle veut des tomates ?", "Elle a mal aux pieds ?", "Elle a l'air en forme."

Aux Ormes, on est malade d'une hernie ombilicale d'après la patronne du café, à Ste Maure, le chemin est parsemé de panneaux en tout genre qui disent tous la même chose "Pèlerin, fais ce que tu as à faire, mais fais le bien", à Dissay, il parait que l'on est à 1 457 km de Compostelle et que si on oublie son eau et bien, on meurt. Bref, le chemin.

En revanche, ce que je peux vous raconter, c'est mon 1er jour, ou plutôt mon départ.

Je voulais que DPM me bénisse avant de partir, d'abord parce qu'il m'a offert son bâton de pèlerin et qu'il avait envie de le bénir (peut être a-t-il tenté un désespéré Accio pour le récupérer) et puis parce qu'une bénédiction pour 2 mois de marche et quasi 1 600 km, ça ne fait de mal à personne, même pas au plus païen d'entre nous/vous.

Je voulais un "truc" rapide, simple, un peu dénué d'intérêt pour pouvoir fermer la porte de la maison et m'engager (jamais je n'avais autant saisi la signification profonde de ce mot) sur la route légèrement.

Bon, c'était évidemment sans compter sur le sens du solennel de la Communauté St Martin ni sur le sens de la cérémonie/fête de la famille !

Donc départ à 6.45 de la maison pour rejoindre la chapelle familiale (ouaip je sais y'en a qui en ont de la chance !) dont le chemin était parsemé de petites bougies pour mener directement dans son choeur. Ils ont probablement cru que j'allais, dès ce premier matin, commencer à me perdre (ce qui par ailleurs m'est déjà arrivé 2 fois en 6 jours).

La chapelle uniquement éclairée à la lueur des flammes a donc accueilli en son sein, parents, oncles et tantes, pèlerine voisine, chien, moines (ils se déplacent en bande), croissants et pains au chocolat. Que de petites mains familiales et maternelles se sont activées pour rendre ce départ plus beau et plus chantant que je l'aurai imaginé ni même souhaité !

Sur le moment, j'ai trouvé ça incroyablement beau et incroyablement trop.

Le "trop" est passé depuis que chaque matin, je repense au 1er avant de reprendre la route avec mes crampes et mes pustules aux pieds, consciente que je peux dorénavant difficilement rentrer pépère et leur dire "bon, j'avais mal alors j'ai arrêté.". Ils sont assez forts pour mettre la pression dans la famille...

Dodo au calme ce soir dans la maison accueillante (et connectée !) de Virginie et Narga qui ont eu le bon sens dans leur expatriation loin de Paris, de choisir leur villégiature sur le Camino !

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