Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
De Lerné à Compostelle

Jour 35 : un nouveau chemin

12 Octobre 2013

ANTE-SCRIPTUM : clavier espagnol donc galere avec les accents, desolee mais la lecture sera plus laborieuse...

Je m'aperçois que j'ai été un peu trop rapide dans mon dernier post à cause du peu de temps de connexion disponible. Il me paraît difficile de revenir en arrière tant les journées se suivent mais ne se ressemblent pas alors que finalement je ne fais que marcher ce qui en soit peut paraître plutôt répétitif. Le fait est que je ne dors jamais 2 nuits au même endroit, ce qui pour la mémoire est assez déroutant.
Quand je me suis connectée, j'étais a St Palais. Je venais de traverser les Landes et ce fameux Pays Basque dont les dénivelés m'ont donné un bon premier aperçu de ce qui m'attendait 2 jours plus tard. Les collines m'ont permis d'habituer tranquillement mes jambes aux montées et descentes avec à chaque « sommet » une visibilité sur ce fameux Col de Ronçeveaux dont j'avais si peur. L'arrivée à St Jean Pied de Port s'est faite dans la douleur puisque j'ai du accélérer afin de traverser avant jeudi, jour de mauvais temps annoncé.

Je me suis quand même fendue d'une petite danse de joie sous la Porte St Jacques, histoire de clôturer comme il se doit ma partie française.

La seule et unique danse de joie ici : http://www.youtube.com/watch?v=5Sfi1f87apw

Bien m'en a pris puisque je suis dorénavant sur toutes les cartes mémoire des 150 touristes qui sont postés devant cette fameuse porte pour mater les pèlerins tels des bêtes de cirque... anyway...

J'aurai du danser aussi pour célébrer cette solitude que j'ai tant aimé sur mon chemin français.

J'ai donc rencontré en tout 5 pèlerins en 32 jours : Pascal le taiseux sauf le soir quand il s'auto-debrief de sa journée, Steve le ricain qui a vu 3 fois « The Way » et qui t'en parle toutes les heures (ainsi que de son chien décédé mais c'est une autre et triste histoire), Jean-Marc le sexy publicitaire/paysagiste/rabelaisien qui célèbre chaque fin d'étape par une réhydratation binouzée, Bernard le syndicaliste FO ancien postier qui ne mange pas, ne boit pas, et se douche trop peu, Francois le sosie de Daniel Craig (marié et père de 4 garcons, on ne s'excite pas les filles) qui m'a attendu à St Jean Pied de Port pour me féliciter de ma (très) grosse dernière journée française.

J'aurai du profiter plus de chacun d'entre eux individuellement puisque dans la foulée je me suis littéralement perdue au milieu de centaines de marcheurs.

Ca s'est fait comme ca, sans transition. Un jour tu es seule sur ton Camino, tranquille, sereine, calme. Et puis d'un coup, tu entres dans St Jean Pied de Port et là, tu n'as qu'une envie c'est de repartir en arrière pour éviter la foule.

Et puis ce n'est pas n'importe quelle foule : je suis en backstage d'un défilé de la dernière collection Décathlon qui aurait lieu dans la cour Carré du Louvres. Le Camino est coréen, je vous l'affirme haut et fort !

C'est donc devant 200 asiatiques, 100 italiens hauts en couleurs et quelques américains (tous à leur 1er jour de marche) que j'ai traversé les Pyrénées.
Il paraît que la journée est difficile -je vous le confirme- et qu'elle est belle. Ca je n'en sais rien car en 8 heures de marche, 1 400 m de montée dont 1000 en 8 km, et 300 m de descente en 3 km (mes fesses, mes genoux, mon moral s'en souviendront longtemps), je n'ai vu que ... mes pieds !
Longue journée entièrement perdue dans les nuages, visibilité à 50 cm, certains ont fait 1/2 tour, d'autres se sont appuyés sur ma lampe accrochée à l'arrière de mon sac pour ne pas se perdre et sur mes "Ultréia" criés très fort toute la journée autant pour les motiver que pour me donner du courage (et aussi pour prévenir les chèvres de notre arrivée m'étant fait une petite frayeur lors d'une pause pipi... à 10 cm des cornes du bouc du troupeau invisible dans le brouillard).

Après 1 mois de galère solitaire, j'ai adoré être l'espace d'une journée celle qui mène la marche, forte de mes 850 premiers km !
Ca m'a valu quelques "cañas" offertes à l'arrivée ! Mon crâne a mis quelques heures à s'en remettre ... Je regrette cependant de n'avoir rien vu de ce paysage et de mon arrivee a Roncevaux, je suis tentee de refaire la traversee l'annee prochaine sous des cieux plus clements.(euh.... c'est bien moi qui parle la ?)

Et puis me voilà en Espagne. Je vous ecris un jour de victoire.... Victoire d'avoir reussi a semer tous ces nouveaux pelerins qui envahissaient les albergues espagnoles et qui m'ont un peu secoues ces derniers jours.

Je suis donc seule, enfin et encore, a la magnifique et calme albergue de Mañeru, perdue dans les collines de Navarre, je fete avec l'hospitaliero mes presque 1 000 km (plus que 600...). Je vais devoir m'ouvrir un peu plus dans les jours a venir a ceux qui marchent devant, derriere ou avec moi, qu'ils viennent de commencer ou qu'ils arrivent (a pieds) d'Amsterdam, du Mont St Michel, de Madrid ou d'ailleurs, qu'ils soient jeunes ou vieux, qu'ils fassent une etape ou tout le Camino frances, qu'ils soient surentraines et surequipes ou qu'ils me taxent mes aspirines, mes voltarenes ou ma genouillere...

C'est ca aussi le Camino, un bon apercu de ce que le monde comporte de differentes nationalites et personnalites.

¡ Hasta pronto !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article